Agenda Axelle Red

Au milieu du maelstrom FM, émergent, aussi impromptues que chic, quelques notes de violon : « tatata ta tadata, tadada ta-ta-ta-ta ta-tadata », une basse joueuse sur rythmique sèche, salvateur îlot de fraîcheur. Huit mots : « Jamais je n’aurai pensé, tant besoin de lui... ». Woah... Sympa. Et puis, cette voix, un poil éraillé, cet accent, indéfini et si sexy. Comment elle s’appelle ?  Tu sais cette jolie fille, toute pale, rousse, celle qui qui groove comme une afro americaine ? Une femme qui chante la sensualité d’un homme, inédit. « J’aime, j’aime tes yeux, j’aime ton odeur, tous tes gestes en douceur, lentement dirigés, sensualité ». Elle est belge ? Elle le revendique ? Elle est dingue de mode ? Cool ! En 3 minutes et 52 secondes, l’affaire est entendue. La francophonie vient de tomber amoureuse d’Axelle Red. C’était il y a trois décennies, déjà.

Cette carrière dont les prémices se situent à l’aube des années 80, une jolie ado, peluche en main chante « little girl ». Suivront quelques tubes, de brillantes études et le début des choses sérieuses avec la signature dans un prestigieux label. C’est dès lors officiel, elle ne sera pas avocate internationale, enfin, pas au sens littéral du terme.

C’est à partir de cette signature que commence le florilège qui nous réunit ce jour. 3 fois 10 chansons plus 1, inédite, qui dit tout de cette femme a la fois plurielle, forte, volontaire et douée : « C’est ma life, c’est ma vie, c’est moi qui la choisis, vulnérable, invincible, rien n’est impossible ». Comme ils disent dans la pub, pas la peine d’en rajouter.

30 + 1 chansons pour revivre un parcours d’être humain éveillée et engagée artistiquement. Des textes forts, une voix sans pareille, des mélodies habiles, profondes, joueuse et plus que tout un son, mieux, un ton. Un ton soul, américain, cultivé et profond.

Des collaborations et rencontres incroyables, Memphis, Isaac Hayes, Stade de France 98, Youssou N’Dour. Wilson Picket, Percy Sledge et Ann Peebles dans les oreilles et Steve Cropper en régie, Sam Moore (les amoureux de classique soul musique savent).

Mick Ronson (ça, c’est pour les fans de Bowie), Stu Kimball, le guitariste de Dylan, Marc Plati, Dave Stewart, tous ont croisé l’âme rouge-ardente de cette musicienne multi-instrumentaliste, auteure, compositrice et réalisatrice hors pair.

Et puis, plantés comme des petits cailloux montrant le chemin de nos vies, il y a les (gros) tubes, bande son de notre intimité, nous évoquions « Sensualité », j’ajouterai « Ma prière », « Rester femme », « Ce matin », « Rouge ardent », « Parce que c’est toi », « Manhattan-Kaboul », chanson du 21^ème siècle naissant, duo avec Renaud resté depuis un ami proche et, plus récemment, l’incontournable « D’autre que nous » aux côtés d’Ycare.

L’an dernier, pendant qu’Axelle composait la musique d’une chansons qui allait devenir « Animaux fragiles » pour le duo Ycare-Zaz’, Clara Luciani reprenait 'Sensualité’ et le binôme Mentissa - Vianney faisait chanter « Parce que c’est toi » à la France entière.  L’arrêt sur image du parcours est alors apparu comme une évidence. Un parcours, un trajet, une vie, des notes, belles, des mots, beaux. Des combats, une honnêteté sans faille en guise de philosophie de vie. La musique soul, comme un mantra, chevillée à une âme de battante marquée à jamais par la voie (et la vie) d’Aretha Franklin.

Le Présent d’aujourd’hui et celui d’hier comme un bilan. Une sorte de révision de décennies écoulées histoire de se montrer qu’on a encore beaucoup de chemin à faire, ensemble.

Une vie d’activiste l’amènera, presque au détriment de sa carrière artistique, de sa propre sécurité et même, parfois de sa vie de famille, à prendre tous les risques pour se lancer dans les batailles qu’elle jugeait nécessaires : violences faites aux femmes, mines anti-personnelles, enfants en prison d’Haïti, l’UNICEF depuis 97, pauvreté qui dévore le Monde (avec l’OXFAM) et elle est l’ Ambassadrice de Handicap International.